Y a-t-il une prime à la beauté au travail ?

Avez-vous déjà été victime du délit de sale gueule au travail ? Tout porte à croire que votre faciès détermine en grande partie la manière dont vous êtes perçu au boulot ou dans la vie de tous les jours. Nous subissons tous d’une certaine manière la tyrannie des apparences. En effet, plusieurs études déterminent de manière effarante qu’en amour comme au travail notre apparence conditionne nos relations humaines. D’après le sociologue Jean-François Amadieu qui s’est penché longuement sur la question, la beauté serait un outil de discrimination sociale que les élites font subir aux classes les moins favorisées. Que ce soit à la télévision ou au cinéma, des canons de beauté nous sont imposées. Que l’on s’insurge contre ce diktat de la beauté ou que l’on décide de s’y conformer, il n’en reste pas moins que nous sommes victimes dès notre venue au monde du regard que les autres portent sur ce que devrait être le beau.

Une discrimination qui commence dès l’enfance

Dès le berceau, les regards qui sont portés sur le nourrisson ne sont pas neutres. Un bébé à l’apparence agréable attirera forcément plus d’attentions et de sourires qu’un bébé à la bouille moins attirante. Si l’enfant naît avec un visage disgracieux, des oreilles décollées ou une tâche de naissance, ce défaut physique pourrait être considéré par les parents comme un handicap pour la vie social future de l’enfant. Même s’il n’est pas permis d’établir que les parents préfèrent les enfants beaux aux enfants laids, certaines études montrant que selon que l’enfant est beau ou laid, les activités des parents avec l’enfant seront différents. Par exemple, la mère jouera plus avec l’enfant s’il est beau ; en revanche, elle se focalisera sur les apprentissages si l’enfant est disgracieux.

Lorsque l’enfant dépasse le stade de nourrisson et qu’il arrive à la maternelle, il est prouvé que les enfants beaux sont privilégiés. Les enseignants ont généralement une meilleure opinion d’eux, leur accordent plus d’attention et les évalue avec plus de chaleur. Cette bienveillance vis-à-vis de l’enfant beau développe en lui une certaine confiance que n’aura pas forcément un enfant au faciès moins avantageux. Au collège et au lycée, une note peut varier de 20 à 40% selon la beauté de l’élève.

Le poids des apparences dans l’univers professionnel

Si vous pensez qu’après avoir obtenu votre diplôme, vous avez échappé au délit de faciès, vous vous méprenez fortement. Une apparence agréable augmentera fortement vos chances d’être embauché et vous permettra une meilleure intégration au sein de l’entreprise. Le candidat à l’embauche est en premier lieu jugé sur son apparence extérieure : sur le soin apporté à sa personne, sur son poids, sur sa beauté physique. Près de la moitié des employeurs estiment qu’un physique séduisant est un critère important de recrutement. Les critères jugés négatifs peuvent être un poids excessif, une petite taille, un nez trop long, de grandes oreilles ou encore un visage disgracieux.

En général dans le travail, les beaux sont jugés plus intelligents, plus chaleureux, plus ambitieux, plus équilibrés et plus sociables. La discrimination va plus loin. Les études montrent qu’à diplôme équivalent une personne au physique moins avantageux percevra un salaire moindre par rapport à son homologue nanti d’un beau physique. Force est de constater que la beauté permet d’échapper au chômage. On peut aller jusqu’à dire que la beauté est un capital humain que la marché du travail évalue financièrement ; il y aurait donc manifestement une prime à la beauté. Nous sommes ainsi que nous le voulions ou pas conditionnés sociologiquement par la dictature de la beauté et le monde professionnel n’échappe pas à cette réalité.

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