Je suis heureuse

Je suis heureuse

Je suis heureuse

Cela fait un long moment que je n’ai pas eu ce sentiment d’apaisement. C’est comme si toutes les briques de ma vie se mettaient enfin en place.  Mais quand on est habitué à affronter l’orage et les tempêtes, quand le soleil apparaît enfin, on est méfiant : « De toutes façons, ça ne durera pas, il se passera forcément  quelque chose et tout s’effondrera à nouveau ». On n’arrive plus à s’identifier autrement que dans le malheur, dans la peine, dans la crainte du lendemain. On s’attache rapidement à ses malheurs.

Je suis heureuse.

Et j’ai peur de ne plus rien avoir à dire. J’ai peur de l’écran blanc,  parce que le malheur est plus « inspirant » que le bonheur.  Si tout va bien dans ma vie, qu’ai-je donc à partager ? Si je parle de mes joies, ne me prendra-t-on pas pour une garce prétentieuse ? Et qui, au juste,  s’intéresse aux personnes heureuses ? Existe-t-il un seul film, un seul livre qui ne décrit que ce qui va bien ?

Je suis heureuse.

Mais jusqu’à quand ?  Et ne me remettrai-je jamais de la chute le jour où ça va changer ? Dois-je modérer ce bonheur pour avoir moins mal quand il me quittera ?

Je suis heureuse.

Mais ceux qui m’entourent ne s’en réjouissent pas. Ils ont peur que je n’aie plus besoin d’eux, ils ne savent pas comment me regarder sans mes problèmes quotidiens : parce  qu’aujourd’hui, ma vie prend la tournure que je lui ai toujours souhaitée, parce qu’enfin, la vie a daigné me sourire.

 

Oui, je suis heureuse, pardonnez-moi.

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